Trois petits points, le webzine qui vous laisse en suspension... |
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| Le vers quotidien | |
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Auteur | Message |
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La Caféine
Nombre de messages : 82 Age : 57 Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Sam 7 Avr 2007 - 13:21 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) : | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mar 10 Avr 2007 - 11:39 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dit ? Ca pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ca t’sert qu’à voir ? Allez dit ? Tu dois être un Top, Un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalais de travers, ma salive, fit « Humrr Hummrr » De manière fort sonore, pour ceci rétorquer : | |
| | | La Caféine
Nombre de messages : 82 Age : 57 Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mer 11 Avr 2007 - 23:23 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo : | |
| | | Vide
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| Sujet: Re: Le vers quotidien Ven 13 Avr 2007 - 11:14 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?
— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille ! Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille les avortons, les modifiés-généticons qui se croient tout permis en tous ces univers !
— Sssscusez-moi M’sieur…
…...….................…………………………— Trêve de travers, pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »
J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler, mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux, trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.
« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?
— Absolument, cela me convient !
…………………………......……..................……— Parfait donc, ma première requête concerne ces lieux-ci : quelle est donc cette étrange et douce dimension ? Ma deuxième requête porte sur Eracouix, ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou… noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx…. Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous? Ma troisième requê…
.....................………………...………— Il suffit, la Lunette, laisse-moi donc te conter tout ce que j’ai ouï. » | |
| | | La Caféine
Nombre de messages : 82 Age : 57 Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mer 25 Avr 2007 - 2:33 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?
— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille ! Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille les avortons, les modifiés-généticons qui se croient tout permis en tous ces univers !
— Sssscusez-moi M’sieur…
…...….................…………………………— Trêve de travers, pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »
J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler, mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux, trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.
« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?
— Absolument, cela me convient !
…………………………......……..................……— Parfait donc, ma première requête concerne ces lieux-ci : quelle est donc cette étrange et douce dimension ? Ma deuxième requête porte sur Eracouix, ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou… noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx…. Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous? Ma troisième requê…
.....................………………...………— Il suffit, la Lunette, laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï- dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...
Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis- -sant qui céant tient lieu d'univers (je désigne ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?), la mignonne gazeuse, accélération digne d'un immense, véloce et cosmique marsoin, a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses dans le secteur le plus lointain de mon cosmos. Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.
— Mais dans quel but ?
..........................................— Ça ou peigner le mérinos ! Je réalise un truc : j'ai aussi répondu (du coup) à ta prime question. Prends la pastille à présent...
.......................— Pour ?
...............................................— Pour le soutien inattendu que tu pourras trouver sur cette si gentille et petite planète au nom plus qu'improbable, hum, Polcorapro-IX. »
.........................................Je gobai le bidule... Or, je le dis, ce jour resterait mémorable pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule). Car la Prise de la Pastille eut un effet à tout le moins curieux sur ma p'tite personne : | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Jeu 26 Avr 2007 - 13:05 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?
— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille ! Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille les avortons, les modifiés-généticons qui se croient tout permis en tous ces univers !
— Sssscusez-moi M’sieur…
…...….................…………………………— Trêve de travers, pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »
J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler, mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux, trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.
« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?
— Absolument, cela me convient !
…………………………......……..................……— Parfait donc, ma première requête concerne ces lieux-ci : quelle est donc cette étrange et douce dimension ? Ma deuxième requête porte sur Eracouix, ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou… noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx…. Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous? Ma troisième requê…
.....................………………...………— Il suffit, la Lunette, laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï- dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...
Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis- -sant qui céant tient lieu d'univers (je désigne ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?), la mignonne gazeuse, accélération digne d'un immense, véloce et cosmique marsoin, a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses dans le secteur le plus lointain de mon cosmos. Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.
— Mais dans quel but ?
..........................................— Ça ou peigner le mérinos ! Je réalise un truc : j'ai aussi répondu (du coup) à ta prime question. Prends la pastille à présent...
.......................— Pour ?
...............................................— Pour le soutien inattendu que tu pourras trouver sur cette si gentille et petite planète au nom plus qu'improbable, hum, Polcorapro-IX. »
.........................................Je gobai le bidule... Or, je le dis, ce jour resterait mémorable pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule). Car la Prise de la Pastille eut un effet à tout le moins curieux sur ma p'tite personne : je me mis à tournoyer. Et plus je suçais ce doucereux cachet pour malades aphones, plus je révolutionnais vite, genre toupie. Soudain je compris : cette satané fontaine blanche se foutait de moi, me traitait avec mépris, en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches, elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant à jamais une Pastille prise pour finalement rester à tourner en rond, très… trop bécassement. La vitesse de rotation devint luminique : en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais. Tout était devenu si flou, si soporifique, que je m’endormis. Et pendant que je rêvais de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX » | |
| | | La Caféine
Nombre de messages : 82 Age : 57 Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mar 29 Mai 2007 - 2:18 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?
— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille ! Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille les avortons, les modifiés-généticons qui se croient tout permis en tous ces univers !
— Sssscusez-moi M’sieur…
…...….................…………………………— Trêve de travers, pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »
J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler, mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux, trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.
« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?
— Absolument, cela me convient !
…………………………......……..................……— Parfait donc, ma première requête concerne ces lieux-ci : quelle est donc cette étrange et douce dimension ? Ma deuxième requête porte sur Eracouix, ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou… noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx…. Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous? Ma troisième requê…
.....................………………...………— Il suffit, la Lunette, laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï- dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...
Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis- -sant qui céant tient lieu d'univers (je désigne ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?), la mignonne gazeuse, accélération digne d'un immense, véloce et cosmique marsoin, a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses dans le secteur le plus lointain de mon cosmos. Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.
— Mais dans quel but ?
..........................................— Ça ou peigner le mérinos ! Je réalise un truc : j'ai aussi répondu (du coup) à ta prime question. Prends la pastille à présent...
.......................— Pour ?
...............................................— Pour le soutien inattendu que tu pourras trouver sur cette si gentille et petite planète au nom plus qu'improbable, hum, Polcorapro-IX. »
.........................................Je gobai le bidule... Or, je le dis, ce jour resterait mémorable pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule). Car la Prise de la Pastille eut un effet à tout le moins curieux sur ma p'tite personne : je me mis à tournoyer. Et plus je suçais ce doucereux cachet pour malades aphones, plus je révolutionnais vite, genre toupie. Soudain je compris : cette satané fontaine blanche se foutait de moi, me traitait avec mépris, en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches, elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant à jamais une Pastille prise pour finalement rester à tourner en rond, très… trop bécassement. La vitesse de rotation devint luminique : en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais. Tout était devenu si flou, si soporifique, que je m’endormis. Et pendant que je rêvais de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX », je me sentis (comme Verlaine « au vent mauvais» ) partir et m'envoler.
...........................................Aussi lisse qu'un oeuf la petite planète approchait, approchait ! Avant peu je frôlai sa surface lustrée mon corps vibrant ainsi qu'un mol archet, puis touchai terre... Hélas ! Mes fesses sinistrées (après le premier choc) ne s'arrêtèrent point : je me mis à glisser à une allure folle pareil à quelque funambulesque pingouin qui tout au long du jour son iceberg dégringole. Aucun obstacle, rien ! J'en avais mal au coeur !
Après un temps démesuré je vis grossir à l'horizon, gagnant peu à peu en hauteur, un truc étrange. Et je me sentis ralentir jusqu'à stopper enfin au pied de cette forme.
Baba, je levai les yeux... Rêvais-je toujours ? Ou l'objet que je contemplais, vraiment énorme et saugrenu, était-il bien réel ? Bonjour l'angoisse et le dilemme ! Oui ! J'avais devant moi | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mer 30 Mai 2007 - 15:00 | |
| Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp. Les particules tout autour faisaient des pop !, comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés », où les ions ululaient tels des ukulélés.
Sa mère, une échevelée nommée Éracouix, avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx (vêtement où battaient mille ailes duveteuses), et coiffé une couronne de pommes véreuses : un accouchement cométaire, c'est sérieux ! On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).
Je fus l’unique témoin de ce jaillissement, moi, l’homme-télescope, observateur amant, dardant vers Éracouix les drues protubérances de mes six yeux à la parfaite transparence.
Mais par où commencer ? Ah oui ! Des contractions, bruits sourds et projections : l’optique est à lustrer – faut régler la poursuite. Puis à brûle-pourpoint on doit faire le point sur la zone réduite derrière la comète. Où donc est Éracouix ? Tel l'archéoptérix secouant ses plumettes, la voilà tout à couix...
Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement de ce petit bout, de ce tout petit trou noir gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant – ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant avec cet appétit qu'aurait un tamanoir lâché au beau milieu de termites dormants !
Dix mille ans de patience, et voilà le miracle : Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp, et le mignon bout d'chou si gravitationnel pointant son ch'tit museau pluridimensionnel (plus frétillant encor qu'un solo de bebop)... pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !
Je réglai mon optique, le vit pousser un cri si sonore et critique, révélant son souci :
« L’enfant né cannibale, dévorera sa mère dans un crash de cymbales ! »
Pas le temps d’être fière, cette pauvre Eracouix à peine son bout’chou né, disparut aspirée, comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !
Je ressentis tant de tristesse, à voir ma mignonne princesse partir ainsi en se pliant et repliant dans le néant !
Or mes miroirs en bio-diamant me permettaient assurément (on l'a compris) une précision folle : je parvenais à lire des paroles dans la forme des ondes diffusées à la ronde. Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"
La paternité d’un trou noir n’est pas chose aisée, faut pas croire ! Surtout quant on l’apprend, pleine face, par des vibrations ! Ça vous glace !
Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope, éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide, je ne pus pour le coup demeurer impavide. Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois, il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !
Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque. Bientôt je mis le cap sur la blème comète sans songer plus avant à ce qui m'attendait. Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes. Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé. Les moteurs magnétiques se mirent en action, projetant mon engin en vitesse fiction.
Mon fiston, trou noir de l’espace, je viens vers toi, sans carapace. Sauras-tu m’accueillir en vie ? Ou m’aspireras-tu ? Pourri !
Dédaignant les astéroïdes-farandole, j'atteignis la comète à une allure folle, frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper, rétrofusai enfin en un geyser expert des tuyères jailli. L'immense chevelure à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures, ondoyait souplement partout autour de moi.
Je vis alors mon fils, niché en tapinois comme un pou s'agrippant vorace à une mèche, aspirant tellement que déjà une brèche de ténèbres gagnait la queue étincelante.
« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante, garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !
— Lequel (miôm... bâfr...) ?
...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?
— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime, cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme... Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…
— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur serait un peu facile, et Objet-De-Hawking quand même peu parlant (de plus, rimer à "king", j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu, je ne suis pas certain...
.......................................— ... Voui mon papa, ça roule ! Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule, le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !
— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...
— Brave papa !
…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?
— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père. Tu seras le premier à connaître l’envers du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?
— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?
— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie. Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra ! Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »
Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera, me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui que tu vas trépasser, puis je me décidai et fissa m'approchai du dévorant dadais.
L'espace se plissait, un vieux linoléum... Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum de plus en plus étroit et allongé. Avant peu je devins très... abrégé – et ça ne cessa pas, sensation peu sympa ! Je fus un fil long comme un Nil, fin comme l'atome...
d i s t e n d u u u u u u u . . .
- plop -
P'tit bruit ? Vitesse ? Était-ce l'autre côté ? Compacité peu à peu revenue...
De moins en moins ténues, ma forme et mes pensées... J'étais passé ! Sans être écrasé, j'avais traversé le cuir de l'univers, cette vieille baderne, par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !
J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui : un éclat baignait tout, comme un flash réjoui et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux de photons musculeux, vifs et étincelants les environs ! C'était beau quoique un peu troublant... (normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :
« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »
Mais je n’obtins pas de réponses. Car si Goulu était mon fils, ce trou trop blanc ne l’était pas. Il ne me reconnaissait pas… Il n’était pas mon gars, mon fils ! Il me fit juste cette annonce :
« Je suis le fondateur de cette dimension Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con De te tenir là, agrégat d’homme-lentille, Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »
Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il au courant ? Connaissait-il cet autre côté d’où je venais ? Je me devais d’être subtil dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !
Déjà, sans nulle hésitation, j'acceptai sa proposition :
« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?
— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.
— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !
— Monsieur est connaisseur ! »
....................................................Alors une fanfare retentit tout autour (je sais, cela paraît bizarre dans le vide) et un air guilleret joué par un million de tubas, de trombones, de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue d'une superbe créature toute nue, une femme aussi belle et rayonnante qu'une aurore rétrograde aperçue d'une lune de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants une pastille bleue. Que, saisi, je saisis, non sans la remercier, virant au cramoisi et bredouillant un brin. L'altière créature me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ ! L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ? Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil ! Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top, un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit ! Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »
J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ? J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr » de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr ! Je crois imaginer ce que peut évoquer pour vous mon gros engin vers le zénith braqué ! Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant, est l'exclusif objet de mes ébouriffants fantasmes. Capito, petite demoiselle ?
— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne, le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...
— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?
— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !) à Polcorapro-IX.
.............................— À quoi ?
...................................................— C'est l'nom d'un monde assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »
Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord éclaircir quelques points, mill' millions de sabords ! M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?
— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille ! Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille les avortons, les modifiés-généticons qui se croient tout permis en tous ces univers !
— Sssscusez-moi M’sieur…
…...….................…………………………— Trêve de travers, pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »
J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler, mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux, trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.
« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?
— Absolument, cela me convient !
…………………………......……..................……— Parfait donc, ma première requête concerne ces lieux-ci : quelle est donc cette étrange et douce dimension ? Ma deuxième requête porte sur Eracouix, ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou… noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx…. Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous? Ma troisième requê…
.....................………………...………— Il suffit, la Lunette, laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï- dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...
Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis- -sant qui céant tient lieu d'univers (je désigne ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?), la mignonne gazeuse, accélération digne d'un immense, véloce et cosmique marsoin, a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses dans le secteur le plus lointain de mon cosmos. Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.
— Mais dans quel but ?
..........................................— Ça ou peigner le mérinos ! Je réalise un truc : j'ai aussi répondu (du coup) à ta prime question. Prends la pastille à présent...
.......................— Pour ?
...............................................— Pour le soutien inattendu que tu pourras trouver sur cette si gentille et petite planète au nom plus qu'improbable, hum, Polcorapro-IX. »
.........................................Je gobai le bidule... Or, je le dis, ce jour resterait mémorable pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule). Car la Prise de la Pastille eut un effet à tout le moins curieux sur ma p'tite personne : je me mis à tournoyer. Et plus je suçais ce doucereux cachet pour malades aphones, plus je révolutionnais vite, genre toupie. Soudain je compris : cette satané fontaine blanche se foutait de moi, me traitait avec mépris, en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches, elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant à jamais une Pastille prise pour finalement rester à tourner en rond, très… trop bécassement. La vitesse de rotation devint luminique : en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais. Tout était devenu si flou, si soporifique, que je m’endormis. Et pendant que je rêvais de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX », je me sentis (comme Verlaine « au vent mauvais» ) partir et m'envoler.
...........................................Aussi lisse qu'un oeuf la petite planète approchait, approchait ! Avant peu je frôlai sa surface lustrée mon corps vibrant ainsi qu'un mol archet, puis touchai terre... Hélas ! Mes fesses sinistrées (après le premier choc) ne s'arrêtèrent point : je me mis à glisser à une allure folle pareil à quelque funambulesque pingouin qui tout au long du jour son iceberg dégringole. Aucun obstacle, rien ! J'en avais mal au coeur !
Après un temps démesuré je vis grossir à l'horizon, gagnant peu à peu en hauteur, un truc étrange. Et je me sentis ralentir jusqu'à stopper enfin au pied de cette forme.
Baba, je levai les yeux... Rêvais-je toujours ? Ou l'objet que je contemplais, vraiment énorme et saugrenu, était-il bien réel ? Bonjour l'angoisse et le dilemme ! Oui ! J'avais devant moi la Tour d’Orientation de l’Univers Retord, plus communément appelée TOUR, par Grivoix un vieil ami de classe, depuis fort longtemps mort d’une trop longue exposition au soleil Tribois de la constellation "Énigme 42".
La Tour ! Si je m’attendais à cela ! Ici ! Si loin De Lyon… Impossible ! J’étais devenu neuneu ! Polcorapro-IX n’était pas la Terre ! …………………………………….— Ouin-ouin ? Sans doute avais-je trop tourné… …………………………………….— Carpaccio de porc ? — Qui me parle ? Montrez-vous ! …………………………………….Etais-je devenu fou ? | |
| | | Srédéric
Nombre de messages : 67 Age : 50 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/10/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Lun 9 Juil 2007 - 14:52 | |
| La créature apparut soudain sous mes yeux, émergeant d’un coup de l’insondable néant. Ouf pour ma santé mentale mais toujours nerveux, ceci du à ses propos si incohérents. Mais cet être étrange était-il réel ou is- su de mon imagination, de ma folie ?
Il était si grand qu’il en était malhonnête, à souligner ainsi ma fluette silhouette.
La couleur de sa peau était indiscernable, car même si il ne portait pas de vêtement, des plumes vertes le couvraient tel un imperméable, auréolées de bleu, qui rappelaient un paon.
Il avait des ailes, ce qui était bien étrange seul endroit de son corps dépourvu de plumes, mais recouvert de cheveux blonds réservés aux anges, à faire pâlir de jalousie celle qui connaît, pense-t-elle, les secrets de l’ultime coloration.
Au milieu du visage, son groin en position n’aurait pas dépareillé sur un porc terrien, sauf qu’il s’ornementait d’un beau bleu schtroumphesque ; deux yeux, billes aussi noires que le trou du même nom, pieds et mains, serres à quatorze doigts presque burlesques complétaient le tableau du Polcorapronien.
Il me faisait penser à…à rien de connu, m’avouais-je piteusement pendant qu’il disait d’une voix grave qui roulait comme un orage cosmique : — Le grand démon d’Antares à la langue fourchue ?
Mon regard se posa sur la haute tour si près, mais quand je fis mine d’aller vers elle, lunatique, la créature me fit : – Halte, mécréant ! si tu veux passer, il te faudra répondre à ma question. — Ah ? vous parlez normalement, voilà qui est mieux monsieur…madame peut-être ? ou une autre locution ? — Ces notions me définissent mal mais je pourrais m’en resservir pour une énigme, un jour prochain. — Ravi d’avoir pu vous aider, fis-je tout guilleret, avant d’enchaîner avec un ton plein d’entrain : — Que signifient les paroles que vous prononcez, et quelle est donc cette question dont vous me parlez ? — Je suis le Sphinx, gardien de la Tour. Qui veut y le pied poser doit d’abord une énigme percer. A votre arrivée, je révisais mes classiques.
J’avouerais qu’à ce moment je fus ébahi : loin des représentations iconographiques était cet être aux longues griffes tellement affûtées. Je me ressaisis vite et, timide, demandais, tout en coulant vers lui un regard fort inquiet : — Quelle est donc cette énigme, monsieur ou madame Sphinx ? | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Ven 9 Nov 2007 - 19:11 | |
| Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx qui pour la rime était venu, et que la bise froide, hivernale et humide... Hum, je me frise... avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir. | |
| | | Nootilus Le Puzzle
Nombre de messages : 22 Age : 50 Localisation : Coincé entre le clavier et la souris Date d'inscription : 27/10/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Ven 23 Nov 2007 - 9:44 | |
| Le lynx, immense et noir de jais Se tenait donc devant moi, immobile Me masquant ironiquement tout danger Tout geste alors, de ma part, était futile
C'était, après tout, un lynx du Cheshire, Dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mar 27 Nov 2007 - 13:45 | |
| Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx qui pour la rime était venu, et que la bise froide, hivernale et humide... Hum, je me frise... avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir.
le lynx, immense et noir de jais se tenait donc devant moi, immobile me masquant ironiquement tout danger tout geste alors, de ma part, était futile
c'était, après tout, un lynx du Cheshire, dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire, rictus isolé sans l'ombre d'un corps, porte riante vers futur incertain...
Lewis Caroll, Alice, moi, le trou noir... tout était diffus en mon esprit. Buée.
Et même rimer devenait inutile... Pour fuir cet impasse, nul doute: les heptasyllabes: en route! Je pris une inspiration, deux ou trois génuflexions...
et plongeais sereinement, en Alexandrin dans la gueule hilare de l'invisible félin. | |
| | | moxie
Nombre de messages : 126 Age : 33 Localisation : c'est pas le peine que je vous le dise, vous ne connaissez pas... Date d'inscription : 23/09/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Jeu 29 Nov 2007 - 23:57 | |
| Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx qui pour la rime était venu, et que la bise froide, hivernale et humide... Hum, je me frise... avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir.
le lynx, immense et noir de jais se tenait donc devant moi, immobile me masquant ironiquement tout danger tout geste alors, de ma part, était futile
c'était, après tout, un lynx du Cheshire, dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire, rictus isolé sans l'ombre d'un corps, porte riante vers futur incertain...
Lewis Caroll, Alice, moi, le trou noir... tout était diffus en mon esprit. Buée.
Et même rimer devenait inutile... Pour fuir cet impasse, nul doute: les heptasyllabes: en route! Je pris une inspiration, deux ou trois génuflexions...
et plongeais sereinement, en Alexandrin dans la gueule hilare d'l'invisible félin. (attention au nombre de pied !) c'était un endroit bien sombre où reignait la bave à moin d'être fou, il fallait être bien brave
oser plonger ainsi dans l'antre digestive de cette sombre bête à la queue extensive ... | |
| | | La Caféine
Nombre de messages : 82 Age : 57 Date d'inscription : 18/07/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Sam 26 Jan 2008 - 20:21 | |
| Pateaugeant dans les sucs à l'odeur répugnante, je vis une lueur : tel le spectre qui hante (dit-on) chaque château écossais, ça flottait en hauteur... Grignotant un Petit Lu nantais que j'avais retrouvé dans le fond d'une poche, je m'approchais sans bruit. Qu'était-ce ? Un machin moche et agressif, fin prêt à se jeter sur moi ? Non... Pas du tout. Rien qu'un petit bonhomme en bois.
« Vous nommez-vous Jonas ?
..................................................— Je me nomme "Jeunesse", mais aussi Pinocchio », fit-il non sans finesse. | |
| | | Vide
Nombre de messages : 125 Age : 114 Date d'inscription : 19/12/2006
| Sujet: Re: Le vers quotidien Mer 13 Fév 2008 - 16:45 | |
| Mais on m'appelle Lucien, ou même Loïc Raison, comme le cidre, savez-vous? Je sens un peu le bouchon. | |
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| Sujet: Re: Le vers quotidien | |
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