Trois petits points
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 Le vers quotidien

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La Caféine

La Caféine


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Age : 57
Date d'inscription : 18/07/2006

Le vers quotidien - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptySam 7 Avr 2007 - 13:21

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :
Revenir en haut Aller en bas
Vide




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Age : 114
Date d'inscription : 19/12/2006

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMar 10 Avr 2007 - 11:39

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
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u
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- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dit ?
Ca pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ca t’sert qu’à voir ? Allez dit ? Tu dois être un Top,
Un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalais de travers, ma salive, fit « Humrr Hummrr »
De manière fort sonore, pour ceci rétorquer :
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La Caféine

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMer 11 Avr 2007 - 23:23

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
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- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyVen 13 Avr 2007 - 11:14

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :

« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?

— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille !
Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille
les avortons, les modifiés-généticons
qui se croient tout permis en tous ces univers !

— Sssscusez-moi M’sieur…

…...….................…………………………— Trêve de travers,
pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »

J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler,
mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux,
trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.

« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?

— Absolument, cela me convient !

…………………………......……..................……— Parfait donc,
ma première requête concerne ces lieux-ci :
quelle est donc cette étrange et douce dimension ?
Ma deuxième requête porte sur Eracouix,
ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou…
noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx….
Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous?
Ma troisième requê…

.....................………………...………— Il suffit, la Lunette,
laisse-moi donc te conter tout ce que j’ai ouï. »
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La Caféine

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMer 25 Avr 2007 - 2:33

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :

« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?

— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille !
Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille
les avortons, les modifiés-généticons
qui se croient tout permis en tous ces univers !

— Sssscusez-moi M’sieur…

…...….................…………………………— Trêve de travers,
pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »

J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler,
mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux,
trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.

« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?

— Absolument, cela me convient !

…………………………......……..................……— Parfait donc,
ma première requête concerne ces lieux-ci :
quelle est donc cette étrange et douce dimension ?
Ma deuxième requête porte sur Eracouix,
ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou…
noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx….
Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous?
Ma troisième requê…

.....................………………...………— Il suffit, la Lunette,
laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï-
dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...

Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis-
-sant
qui céant tient lieu d'univers (je désigne
ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?),
la mignonne gazeuse, accélération digne
d'un immense, véloce et cosmique marsoin,
a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses
dans le secteur le plus lointain de mon cosmos.
Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.

— Mais dans quel but ?

..........................................— Ça ou peigner le mérinos !
Je réalise un truc : j'ai aussi répondu
(du coup) à ta prime question. Prends la pastille
à présent...

.......................— Pour ?

...............................................— Pour le soutien inattendu
que tu pourras trouver sur cette si gentille
et petite planète au nom plus qu'improbable,
hum, Polcorapro-IX. »

.........................................Je gobai le bidule...
Or, je le dis, ce jour resterait mémorable
pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule).
Car la Prise de la Pastille eut un effet
à tout le moins curieux sur ma p'tite personne :
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyJeu 26 Avr 2007 - 13:05

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :

« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?

— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille !
Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille
les avortons, les modifiés-généticons
qui se croient tout permis en tous ces univers !

— Sssscusez-moi M’sieur…

…...….................…………………………— Trêve de travers,
pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »

J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler,
mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux,
trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.

« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?

— Absolument, cela me convient !

…………………………......……..................……— Parfait donc,
ma première requête concerne ces lieux-ci :
quelle est donc cette étrange et douce dimension ?
Ma deuxième requête porte sur Eracouix,
ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou…
noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx….
Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous?
Ma troisième requê…

.....................………………...………— Il suffit, la Lunette,
laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï-
dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...

Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis-
-sant
qui céant tient lieu d'univers (je désigne
ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?),
la mignonne gazeuse, accélération digne
d'un immense, véloce et cosmique marsoin,
a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses
dans le secteur le plus lointain de mon cosmos.
Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.

— Mais dans quel but ?

..........................................— Ça ou peigner le mérinos !
Je réalise un truc : j'ai aussi répondu
(du coup) à ta prime question. Prends la pastille
à présent...

.......................— Pour ?

...............................................— Pour le soutien inattendu
que tu pourras trouver sur cette si gentille
et petite planète au nom plus qu'improbable,
hum, Polcorapro-IX. »

.........................................Je gobai le bidule...
Or, je le dis, ce jour resterait mémorable
pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule).
Car la Prise de la Pastille eut un effet
à tout le moins curieux sur ma p'tite personne :
je me mis à tournoyer. Et plus je suçais
ce doucereux cachet pour malades aphones,
plus je révolutionnais vite, genre toupie.
Soudain je compris : cette satané fontaine blanche
se foutait de moi, me traitait avec mépris,
en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches,
elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant
à jamais une Pastille prise pour finalement
rester à tourner en rond, très… trop bécassement.
La vitesse de rotation devint luminique :
en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais.
Tout était devenu si flou, si soporifique,
que je m’endormis. Et pendant que je rêvais
de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX »
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La Caféine

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMar 29 Mai 2007 - 2:18

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :

« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?

— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille !
Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille
les avortons, les modifiés-généticons
qui se croient tout permis en tous ces univers !

— Sssscusez-moi M’sieur…

…...….................…………………………— Trêve de travers,
pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »

J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler,
mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux,
trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.

« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?

— Absolument, cela me convient !

…………………………......……..................……— Parfait donc,
ma première requête concerne ces lieux-ci :
quelle est donc cette étrange et douce dimension ?
Ma deuxième requête porte sur Eracouix,
ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou…
noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx….
Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous?
Ma troisième requê…

.....................………………...………— Il suffit, la Lunette,
laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï-
dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...

Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis-
-sant
qui céant tient lieu d'univers (je désigne
ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?),
la mignonne gazeuse, accélération digne
d'un immense, véloce et cosmique marsoin,
a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses
dans le secteur le plus lointain de mon cosmos.
Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.

— Mais dans quel but ?

..........................................— Ça ou peigner le mérinos !
Je réalise un truc : j'ai aussi répondu
(du coup) à ta prime question. Prends la pastille
à présent...

.......................— Pour ?

...............................................— Pour le soutien inattendu
que tu pourras trouver sur cette si gentille
et petite planète au nom plus qu'improbable,
hum, Polcorapro-IX. »

.........................................Je gobai le bidule...
Or, je le dis, ce jour resterait mémorable
pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule).
Car la Prise de la Pastille eut un effet
à tout le moins curieux sur ma p'tite personne :
je me mis à tournoyer. Et plus je suçais
ce doucereux cachet pour malades aphones,
plus je révolutionnais vite, genre toupie.
Soudain je compris : cette satané fontaine blanche
se foutait de moi, me traitait avec mépris,
en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches,
elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant
à jamais une Pastille prise pour finalement
rester à tourner en rond, très… trop bécassement.
La vitesse de rotation devint luminique :
en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais.
Tout était devenu si flou, si soporifique,
que je m’endormis. Et pendant que je rêvais
de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX »,
je me sentis (comme Verlaine « au vent mauvais» )
partir et m'envoler.

...........................................Aussi lisse qu'un oeuf
la petite planète approchait, approchait !
Avant peu je frôlai sa surface lustrée
mon corps vibrant ainsi qu'un mol archet,
puis touchai terre... Hélas ! Mes fesses sinistrées
(après le premier choc) ne s'arrêtèrent point :
je me mis à glisser à une allure folle
pareil à quelque funambulesque pingouin
qui tout au long du jour son iceberg dégringole.
Aucun obstacle, rien ! J'en avais mal au coeur !

Après un temps démesuré je vis grossir
à l'horizon, gagnant peu à peu en hauteur,
un truc étrange. Et je me sentis ralentir
jusqu'à stopper enfin au pied de cette forme.

Baba, je levai les yeux... Rêvais-je toujours ?
Ou l'objet que je contemplais, vraiment énorme
et saugrenu, était-il bien réel ? Bonjour
l'angoisse et le dilemme ! Oui ! J'avais devant moi
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMer 30 Mai 2007 - 15:00

Il naquit dans la queue de la comète d'Hale-Bopp.
Les particules tout autour faisaient des pop !,
comme un concert bruyant, mélodie « gaz gelés »,
où les ions ululaient tels des ukulélés.

Sa mère, une échevelée nommée Éracouix,
avait pour l'occasion mis sa robe-bombyx
(vêtement où battaient mille ailes duveteuses),
et coiffé une couronne de pommes véreuses :
un accouchement cométaire, c'est sérieux !
On fait les choses bien (ou tout du moins, au mieux).

Je fus l’unique témoin de ce jaillissement,
moi, l’homme-télescope, observateur amant,
dardant vers Éracouix les drues protubérances
de mes six yeux à la parfaite transparence.

Mais par où commencer ?
Ah oui ! Des contractions,
bruits sourds et projections :
l’optique est à lustrer
– faut régler la poursuite.
Puis à brûle-pourpoint
on doit faire le point
sur la zone réduite
derrière la comète.
Où donc est Éracouix ?
Tel l'archéoptérix
secouant ses plumettes,
la voilà tout à couix...

Dix mille ans que j’attends cela : l’enfantement
de ce petit bout, de ce tout petit trou noir
gorgé de lumière, vorace, avide, dévorant
– ou, pour être vraiment rigoureux : aspirant
avec cet appétit qu'aurait un tamanoir
lâché au beau milieu de termites dormants !

Dix mille ans de patience, et voilà le miracle :
Éracouix en travail dans la queue d'Hale-Bopp,
et le mignon bout d'chou si gravitationnel
pointant son ch'tit museau pluridimensionnel
(plus frétillant encor qu'un solo de bebop)...
pour s'extirper enfin, attendrissant spectacle !


Je réglai mon optique,
le vit pousser un cri
si sonore et critique,
révélant son souci :

« L’enfant né cannibale,
dévorera sa mère
dans un crash de cymbales ! »

Pas le temps d’être fière,
cette pauvre Eracouix
à peine son bout’chou né,
disparut aspirée,
comme cela, d’un coup, ssscchhriiixxx !

Je ressentis tant de tristesse,
à voir ma mignonne princesse
partir ainsi en se pliant
et repliant dans le néant !

Or mes miroirs en bio-diamant
me permettaient assurément
(on l'a compris) une précision folle :
je parvenais à lire des paroles
dans la forme des ondes
diffusées à la ronde.
Ce qu'alors je perçus... un peu plus me fripa
le coeur, car le bout d'chou poussa ce cri : "Papa ?"

La paternité d’un trou noir
n’est pas chose aisée, faut pas croire !
Surtout quant on l’apprend, pleine face,
par des vibrations ! Ça vous glace !

Qu’allait-il faire de moi ? Petit père télescope,
éternel misanthrope, qui pour fuir toutes ces voix
humaines et sans cœur, avait fait le choix du vide,
je ne pus pour le coup demeurer impavide.
Ah, mon fiston goulu qui me laissa pantois,
il fallait que je vienne... afin que je te stoppe !

Mes tuyères rouillées s'allumèrent, toux rauque.
Bientôt je mis le cap sur la blème comète
sans songer plus avant à ce qui m'attendait.
Pour fêter cela, j’ouvris un pot de rillettes.
Virtuel ? Oui… ainsi que du champ’ aseptisé.
Les moteurs magnétiques se mirent en action,
projetant mon engin en vitesse fiction.

Mon fiston, trou noir de l’espace,
je viens vers toi, sans carapace.
Sauras-tu m’accueillir en vie ?
Ou m’aspireras-tu ? Pourri !


Dédaignant les astéroïdes-farandole,
j'atteignis la comète à une allure folle,
frôlai son cœur glacé au parfum de Kuiper,
rétrofusai enfin en un geyser expert
des tuyères jailli. L'immense chevelure
à la couleur d'hiver, de givre et d'engelures,
ondoyait souplement partout autour de moi.

Je vis alors mon fils, niché en tapinois
comme un pou s'agrippant vorace à une mèche,
aspirant tellement que déjà une brèche
de ténèbres gagnait la queue étincelante.

« Réfrène-toi, fiston !, fis-je, voix suppliante,
garde un peu d'appétit pour notre Grand Dessein !

— Lequel (miôm... bâfr...) ?

...........................................— Dois-je vraiment faire un dessin ?

— Non je vois ! C’est donc cette chose qui vous est apprise
à l’école des hommes-télescopes, ce but ultime,
cette traque : ce suicide plongeon dans l’abîme...
Et revenir vivant, par un trou blanc ! Cerise…

— ... Sur le gâteau, oui mon garçon ! Mais tout d'abord
il faut que je te trouve un nom. Maitoodah-Baur
serait un peu facile, et Objet-De-Hawking
quand même peu parlant (de plus, rimer à "king",
j'vois d'ici la galère !). Alors... Que dirais-tu
de Lulu le Goulu ? Je dis ça impromptu,
je ne suis pas certain...

.......................................— ... Voui mon papa, ça roule !
Je suis dorénavant le Goulu qui blackboule,
le vorace Lulu aux mâchoires broyeuses !

— Bien. Passons à présent aux choses sérieuses...

— Brave papa !

…………….….......…— Mon p’tit Lulu, ton ventre est prêt ?

— Goulu faim ! Brouff ! Mais je t’aime mon tout petit père.
Tu seras le premier à connaître l’envers
du décor de ce monde, maman t’attend. Okay ?

— Tu ne l’as point occise ? Eracouix est en vie ?

— Elle est un peu vaseuse, car dans l’état gazeux
dans lequel je l’ai mise, elle se sent amoindrie.
Mais elle s’en remet, papa. Tu verras, dans deux
ou trois millions d’années de là, solide elle s’ra !
Allez papa, fonce ! N’ai pas peur ! Je te conduis… »

Je déglutis, tremblai, blêmit et caetera,
me disant : Cassegrain, peut-être est-ce aujourd'hui
que tu vas trépasser
, puis je me décidai
et fissa m'approchai du dévorant dadais.

L'espace se plissait, un vieux linoléum...
Les forces de marée m'étirèrent, chewing-gum
de plus en plus étroit et allongé.
Avant peu je devins très... abrégé
– et ça ne cessa pas,
sensation peu sympa !
Je fus un fil
long comme un Nil,
fin comme
l'atome...

d
i
s
t
e
n
d
u
u
u
u
u
u
u
.
.
.

- plop -

P'tit
bruit ?
Vitesse ?
Était-ce
l'autre côté ?
Compacité
peu à peu revenue...

De moins en moins ténues,
ma forme et mes pensées... J'étais passé !
Sans être écrasé, j'avais traversé
le cuir de l'univers, cette vieille baderne,
par un moyen d'transport hyper-ultra-moderne !

J'ouvris mes yeux-télescopes, fus ébloui :
un éclat baignait tout, comme un flash réjoui
et ininterrompu : c'était le p'tit Lulu
qui de ce côté-ci, inondait d'un reflux
de photons musculeux, vifs et étincelants
les environs ! C'était beau quoique un peu troublant...
(normal pour un trou blanc). Je lançai ce message :

« Bravo mon petit gars ! Tu as été bien sage ! »

Mais je n’obtins pas de réponses.
Car si Goulu était mon fils,
ce trou trop blanc ne l’était pas.
Il ne me reconnaissait pas…
Il n’était pas mon gars, mon fils !
Il me fit juste cette annonce :

« Je suis le fondateur de cette dimension
Et je te sens, bon Dieu, infiniment si con
De te tenir là, agrégat d’homme-lentille,
Surpris d’être vivant…Tu veux, euh... une pastille ? »

Mais qui était donc cet imbécile ? Etait-il
au courant ? Connaissait-il cet autre côté
d’où je venais ? Je me devais d’être subtil
dans les questions que j’allais lui poser, hé hé !

Déjà, sans nulle hésitation,
j'acceptai sa proposition :

« Une pastille ? Pourquoi pas ! À quel parfum ?

— Ben... le plus succulent : ultraviolets défunts.

— Envoie donc la pastille, Ô sympathique phare !

— Monsieur est connaisseur ! »

....................................................Alors une fanfare
retentit tout autour (je sais, cela paraît
bizarre dans le vide) et un air guilleret
joué par un million de tubas, de trombones,
de clarinettes d'or – un d'ces airs qu'on fredonne
le matin en s'rasant –, accompagna la v'nue
d'une superbe créature toute nue,
une femme aussi belle et rayonnante qu'une
aurore rétrograde aperçue d'une lune
de Xumq-La-Claire ! Elle nageait nonchalamment
dans l'espace, pinçant entre deux doigts charmants
une pastille bleue. Que, saisi, je saisis,
non sans la remercier, virant au cramoisi
et bredouillant un brin. L'altière créature
me dit alors (vous allez voir, l'était nature) :

« Ben mon garçon, t’en as un bien beau d’télescop’ !
L’est greffé ? L’est soudé ? L’est branché où c’là, dis ?
Ça pour sûr qu’t’es bien armé ! Mais quel bel outil !
Ça t’sert qu’à voir ? Allez, dis ? Tu dois être un Top,
un Waaouhh, un vrai mec, un super canon au lit !
Tu sais qu’j’ai une piaule, là bas, plus loin, si ça t’dit… »

J’étais stupéfait, ébahi… un ch’tit peu… Glop ?
J’avalai de travers ma salive, fit « Humrr Hummrr »
de manière fort sonore, pour ceci rétorquer :

« Dites donc ! Je ne puis ! Je sens des frissons... brrr !
Je crois imaginer ce que peut évoquer
pour vous mon gros engin vers le zénith braqué !
Or, sachez-le, mon coeur est déjà pris : la belle
et gazeuse Éracouix, mère de mon enfant,
est l'exclusif objet de mes ébouriffants
fantasmes. Capito, petite demoiselle ?

— Woh, l'aut' qui se la joue farouche ! Eh bien tant pis
pour toi... Car j't'aurais fait les Anneaux de Saturne,
le Puits de Gravité, la Pirouette Nocturne
et mêm' (vu qu't'es mignon) la Quadratur' de Pi...

— Merci quand même ! Alors, qu'est donc cette pastille ?

— Ell' permet un accès immédiat (dans la s'conde !)
à Polcorapro-IX.

.............................— À quoi ?

...................................................— C'est l'nom d'un monde
assez particulier. Dis, bôgoss, ça t'titille
pas d'découvrir comm' ça un monde tout nouveau ? »

Certes, ça me disait ! Mais je voulais d'abord
éclaircir quelques points, mill' millions de sabords !
M'adressant au trou blanc, je fis, un peu provo :

« Eh Luminou ! Je peux te poser une question ?

— Non mais dis donc ! Sois poli, petit homme-lentille !
Prends garde, couillon, car comme un grillon, je grille
les avortons, les modifiés-généticons
qui se croient tout permis en tous ces univers !

— Sssscusez-moi M’sieur…

…...….................…………………………— Trêve de travers,
pose ta requête, insectoum! Lumière à faire, j’ai ! »

J’avais envie de faire « Atchoum »… Pour rigoler,
mais je m’abstins, ce trou-blanc m’avait l’air sérieux,
trop sévère pour une fois de trop, faire le clown des cieux.

« Bien Fondateur ! Je puis vous désigner ainsi ?

— Absolument, cela me convient !

…………………………......……..................……— Parfait donc,
ma première requête concerne ces lieux-ci :
quelle est donc cette étrange et douce dimension ?
Ma deuxième requête porte sur Eracouix,
ma chère ange amie, la gazeuse maman d’un trou…
noir, d’un monde opposé, d’où je viens… Savez ? Schhhrrrrixxx….
Et hop ! Me voilà… Je la cherche… L’avez vue… vous?
Ma troisième requê…

.....................………………...………— Il suffit, la Lunette,
laisse-moi te conter tout ce que j’ai ouï-
dire sur Éracouix, fofolle et guillerette...

Sitôt qu'elle a gagné le foutoir réjouis-
-sant
qui céant tient lieu d'univers (je désigne
ainsi ma création, t'es pas choqué au moins ?),
la mignonne gazeuse, accélération digne
d'un immense, véloce et cosmique marsoin,
a filé tout au fond voir ses soeurs nébuleuses
dans le secteur le plus lointain de mon cosmos.
Elle y vit à présent, nuée ensorceleuse.

— Mais dans quel but ?

..........................................— Ça ou peigner le mérinos !
Je réalise un truc : j'ai aussi répondu
(du coup) à ta prime question. Prends la pastille
à présent...

.......................— Pour ?

...............................................— Pour le soutien inattendu
que tu pourras trouver sur cette si gentille
et petite planète au nom plus qu'improbable,
hum, Polcorapro-IX. »

.........................................Je gobai le bidule...
Or, je le dis, ce jour resterait mémorable
pour moi (quoique je fusse un notoire incrédule).
Car la Prise de la Pastille eut un effet
à tout le moins curieux sur ma p'tite personne :
je me mis à tournoyer. Et plus je suçais
ce doucereux cachet pour malades aphones,
plus je révolutionnais vite, genre toupie.
Soudain je compris : cette satané fontaine blanche
se foutait de moi, me traitait avec mépris,
en cosmos-derwich-tourneur autour de mes hanches,
elle comptait m’abandonner là, perdu, suçant
à jamais une Pastille prise pour finalement
rester à tourner en rond, très… trop bécassement.
La vitesse de rotation devint luminique :
en vortex je m’étais changé. Je m'absorbais.
Tout était devenu si flou, si soporifique,
que je m’endormis. Et pendant que je rêvais
de panneaux indicateurs « Polcorapro-IX »,
je me sentis (comme Verlaine « au vent mauvais» )
partir et m'envoler.

...........................................Aussi lisse qu'un oeuf
la petite planète approchait, approchait !
Avant peu je frôlai sa surface lustrée
mon corps vibrant ainsi qu'un mol archet,
puis touchai terre... Hélas ! Mes fesses sinistrées
(après le premier choc) ne s'arrêtèrent point :
je me mis à glisser à une allure folle
pareil à quelque funambulesque pingouin
qui tout au long du jour son iceberg dégringole.
Aucun obstacle, rien ! J'en avais mal au coeur !

Après un temps démesuré je vis grossir
à l'horizon, gagnant peu à peu en hauteur,
un truc étrange. Et je me sentis ralentir
jusqu'à stopper enfin au pied de cette forme.

Baba, je levai les yeux... Rêvais-je toujours ?
Ou l'objet que je contemplais, vraiment énorme
et saugrenu, était-il bien réel ? Bonjour
l'angoisse et le dilemme ! Oui ! J'avais devant moi
la Tour d’Orientation de l’Univers Retord,
plus communément appelée TOUR, par Grivoix
un vieil ami de classe, depuis fort longtemps mort
d’une trop longue exposition au soleil Tribois
de la constellation "Énigme 42".

La Tour ! Si je m’attendais à cela ! Ici ! Si loin
De Lyon… Impossible ! J’étais devenu neuneu !
Polcorapro-IX n’était pas la Terre !
…………………………………….— Ouin-ouin ?
Sans doute avais-je trop tourné…
…………………………………….— Carpaccio de porc ?
— Qui me parle ? Montrez-vous !
…………………………………….Etais-je devenu fou ?
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Srédéric

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyLun 9 Juil 2007 - 14:52

La créature apparut soudain sous mes yeux,
émergeant d’un coup de l’insondable néant.
Ouf pour ma santé mentale mais toujours nerveux,
ceci du à ses propos si incohérents.
Mais cet être étrange était-il réel ou is-
su de mon imagination, de ma folie ?

Il était si grand qu’il en était malhonnête,
à souligner ainsi ma fluette silhouette.

La couleur de sa peau était indiscernable,
car même si il ne portait pas de vêtement,
des plumes vertes le couvraient tel un imperméable,
auréolées de bleu, qui rappelaient un paon.

Il avait des ailes, ce qui était bien étrange
seul endroit de son corps dépourvu de plumes, mais
recouvert de cheveux blonds réservés aux anges,
à faire pâlir de jalousie celle qui connaît,
pense-t-elle, les secrets de l’ultime coloration.

Au milieu du visage, son groin en position
n’aurait pas dépareillé sur un porc terrien,
sauf qu’il s’ornementait d’un beau bleu schtroumphesque ;
deux yeux, billes aussi noires que le trou du même nom,
pieds et mains, serres à quatorze doigts presque burlesques
complétaient le tableau du Polcorapronien.

Il me faisait penser à…à rien de connu,
m’avouais-je piteusement pendant qu’il disait
d’une voix grave qui roulait comme un orage cosmique :
— Le grand démon d’Antares à la langue fourchue ?

Mon regard se posa sur la haute tour si près,
mais quand je fis mine d’aller vers elle, lunatique,
la créature me fit : – Halte, mécréant ! si tu veux
passer, il te faudra répondre à ma question.
— Ah ? vous parlez normalement, voilà qui est mieux
monsieur…madame peut-être ? ou une autre locution ?
— Ces notions me définissent mal mais je pourrais
m’en resservir pour une énigme, un jour prochain.
— Ravi d’avoir pu vous aider, fis-je tout guilleret,
avant d’enchaîner avec un ton plein d’entrain :
— Que signifient les paroles que vous prononcez,
et quelle est donc cette question dont vous me parlez ?
— Je suis le Sphinx, gardien de la Tour. Qui veut y
le pied poser doit d’abord une énigme percer.
A votre arrivée, je révisais mes classiques.

J’avouerais qu’à ce moment je fus ébahi :
loin des représentations iconographiques
était cet être aux longues griffes tellement affûtées.
Je me ressaisis vite et, timide, demandais,
tout en coulant vers lui un regard fort inquiet :
— Quelle est donc cette énigme, monsieur ou madame Sphinx ?
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyVen 9 Nov 2007 - 19:11

Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx
qui pour la rime était venu, et que la bise
froide, hivernale et humide... Hum, je me frise...
avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir.
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyVen 23 Nov 2007 - 9:44

Le lynx, immense et noir de jais
Se tenait donc devant moi, immobile
Me masquant ironiquement tout danger
Tout geste alors, de ma part, était futile

C'était, après tout, un lynx du Cheshire,
Dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMar 27 Nov 2007 - 13:45

Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx
qui pour la rime était venu, et que la bise
froide, hivernale et humide... Hum, je me frise...
avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir.

le lynx, immense et noir de jais
se tenait donc devant moi, immobile
me masquant ironiquement tout danger
tout geste alors, de ma part, était futile

c'était, après tout, un lynx du Cheshire,
dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire,
rictus isolé sans l'ombre d'un corps,
porte riante vers futur incertain...

Lewis Caroll, Alice, moi, le trou noir...
tout était diffus en mon esprit. Buée.

Et même rimer devenait inutile...
Pour fuir cet impasse, nul doute:
les heptasyllabes: en route!
Je pris une inspiration,
deux ou trois génuflexions...

et plongeais sereinement, en Alexandrin
dans la gueule hilare de l'invisible félin.
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moxie

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyJeu 29 Nov 2007 - 23:57

Puis soudain, j'aperçus une boule de poils: un lynx
qui pour la rime était venu, et que la bise
froide, hivernale et humide... Hum, je me frise...
avait ébouriffé. J'ouvris les yeux: du noir.

le lynx, immense et noir de jais
se tenait donc devant moi, immobile
me masquant ironiquement tout danger
tout geste alors, de ma part, était futile

c'était, après tout, un lynx du Cheshire,
dont, par conséquent, je ne devinais que le sourire,
rictus isolé sans l'ombre d'un corps,
porte riante vers futur incertain...

Lewis Caroll, Alice, moi, le trou noir...
tout était diffus en mon esprit. Buée.

Et même rimer devenait inutile...
Pour fuir cet impasse, nul doute:
les heptasyllabes: en route!
Je pris une inspiration,
deux ou trois génuflexions...

et plongeais sereinement, en Alexandrin
dans la gueule hilare d'l'invisible félin. (attention au nombre de pied !)
c'était un endroit bien sombre où reignait la bave
à moin d'être fou, il fallait être bien brave

oser plonger ainsi dans l'antre digestive
de cette sombre bête à la queue extensive
...
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La Caféine

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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptySam 26 Jan 2008 - 20:21

Pateaugeant dans les sucs à l'odeur répugnante,
je vis une lueur : tel le spectre qui hante
(dit-on) chaque château écossais, ça flottait
en hauteur... Grignotant un Petit Lu nantais
que j'avais retrouvé dans le fond d'une poche,
je m'approchais sans bruit. Qu'était-ce ? Un machin moche
et agressif, fin prêt à se jeter sur moi ?
Non... Pas du tout. Rien qu'un petit bonhomme en bois.

« Vous nommez-vous Jonas ?

..................................................— Je me nomme "Jeunesse",
mais aussi Pinocchio », fit-il non sans finesse.
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 EmptyMer 13 Fév 2008 - 16:45

Mais on m'appelle Lucien, ou même Loïc Raison,
comme le cidre, savez-vous? Je sens un peu le bouchon.
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MessageSujet: Re: Le vers quotidien   Le vers quotidien - Page 2 Empty

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